Page:Viaud - Naufrage et aventures de M. Pierre Viaud.djvu/187

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s’approcheroient pas, & que je tâchois d’augmenter en y jettant beaucoup de bois. Elle ne m’écoutoit point ; elle continuoit à pleurer, à ſupplier mon Negre, que sa propre frayeur rendoit ſourd à ſa voix. Je tâchois vainement auſſi de me faire entendre, & je n’oſois courir auprès d’elle pour la ramener ; je craignois de m’écarter du feu qui faiſoit ma ſûreté. Dans un instant je l’entendis pouſſer un cri terrible, & crier : au ſecours, M. Viaud, je ſuis perdue. Je ne pus me réſoudre à l’abandonner ; je saisis un gros tiſon enflammé, & mon zèle supérieur à mon effroi, me conduiſit de son côté. Je la vis accourant de toutes ſes forces, & pourſuivie par un ours d’une