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froide couloit de tout mon corps : j’étois ſaiſi, & le feu auprès duquel j’étois couché, me fut d’un grand ſecours.

Le jour en écartant les bêtes féroces, mit fin à nos alarmes ; elles avoient ſuſpendu le sentiment de la faim ; nous l’éprouvâmes dans ſa plus grande violence, aussitôt que nos craintes furent diſſipées. C’eſt ainsi que nous ſouffrions alternativement les maux les plus cruels. Le besoin de manger, l’impoſſibilité de le satisfaire, ſont aſſurément les plus inſupportables. Nous eſſayâmes de tout ce qui ſe présentoit à nos yeux ; nous ramaſſions de la terre, nous la portions dans notre bouche, & nous la rejettions aussi-tôt,