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terre, incertains ſi nous aurions la faculté de nous relever, & attendant la mort, l’appellant par nos cris, & mettant en elle tout notre eſpoir.

Mon Negre qui étoit auſſi foible que nous, ranimé par la fureur du besoin, se lève, & court à un arbre dont les branches étoient peu élevées, & auxquelles il pouvoit atteindre en levant les bras. Il en arrache les feuilles & les dévore avec une avidité qui nous étonne, & qui nous fait imaginer que ces feuilles ont un goût délicieux. L’idée qu’elles peuvent ſervir de nourriture, leur donne à nos yeux un air appétiſſant : nous volons après mon Negre, pour partager ſon triſte repas : notre imagina-