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vement auprès de cette ſource ; croyant toucher à notre dernière heure, incapables de nous en éloigner. Le ſoleil en ſe couchant nous laissa dans cette ſituation déplorable. La nuit s’avançoit ; nous n’avions plus la faculté de nous remuer ; nous gémiſſions de ne pouvoir retourner à nos feux pour les allumer ; nous nous repréſentions déjà les bêtes féroces fondant sur nous & nous dévorant. Cette appréhenſion augmentoit encore notre foibleſſe ; nous ſoupirions, nous verſions des larmes nous proférions quelques plaintes ; nous n’avions pas la force de pouſſer des cris.

La nuit parut tout-à-fait, & augmenta notre effroi. Nous eſſayâmes de nous traîner encore