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les efforts humains ſont inſuffiſans pour l’en garantir ; pour quoi ſa mort ne me ſeroit-elle pas utile ?

Cette réflexion affreuſe, je l’avouerai, ne révolta pas mon imagination : ma raiſon étoit aliénee ; elle éprouvoit la foibleſſe de mon corps : la faim me preſſoit ; je ſouffrois des déchiremens cruels dans mes entrailles ; le désir de les appaiſer me dominoit tout entier ; les moyens étoient impoſſibles ; il n’y avoit que celui-là : mon âme troublée étoit incapable de réfléchir & d’examiner ; elle formoit des ſouhaits horribles & me fourniſſoit mille sophiſmes pour les juſtifier.

Quel mal ferai-je, continuai-je encore ? Il est à moi ; je l’ai