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notre situation & notre miſère épouvantable !… c’eſt elle qui a ordonné le meurtre que nos mains ont commis… Pardonnez à des infortunés, & beniſſez au moins la nourriture affreuse qu'ils vont prendre ; ne la leur rendez pas funeste… elle leur a ſuffiſfamment coûté.

À ces mots, nous nous levons, nous allumons un grand feu, nous consommons enfin notre action inhumaine. Oſerai-je entrer dans ces détails ? ils me révoltent au seul souvenir. Non, mon ami, je n'ai jamais été barbare… Je le fus… Hélas ! je n’étois pas né pour l'être. Vous me connoissez aſſez pour que je n’aie pas beſoin d’apologie auprès de vous. Vous devez être