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vions de plus affreux, c’étoit la néceſſité de manger souvent de horrible mets que nous avions préparé. Notre fureur s’étoit appaiſée avec la faim ; la raison avoit repris ſon empire ; elle fremiſſoit à l’idée ſeule d’une nourriture humaine ; nous n’y recourions qu’à l’extrêmité, lorsque nous ne trouvions abſolument rien, & que la faim renaiſſante faisoit diſparoître le dégoût.

Un ſoir, comme nous faiſions notre halte ordinaire, je me ſentis ſi foible, qu’à peine eus-je la force de ramasser le bois néceſſaire pour notre feu ; il me fut impoſſible de préparer des bûchers autour de notre aſyle, comme je le faiſois toutes les nuits ; mes jambes prodigieuſe-