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le pus avec ma perche. Le courant nous entraîna d’abord avec une rapidité qui me fit trembler : il nous avoit tranſportés en un inſtant à plus de trois cens pas du lieu où nous nous étions embarqués : je craignois qu’il ne nous entraînât de même juqu’à la mer. Je manœuvrai avec une peine infinie pour parvenir à le couper. J'y réuſſis à la fin, mais c'étoit toujours en cédant & en deſcendant prodigieusement, de manière que je ne comptois arriver à l’autre bord qu’à une demi-lieue plus bas que le point d’où nous étions partis.

Après bien des efforts, je parvins à paſſer le milieu de la rivière. Le courant alloit bientôt cesser d’être ſi rapide. Nous étions