Page:Viaud - Naufrage et aventures de M. Pierre Viaud.djvu/27

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fectoit trop vivement pour me permettre de ſonger à celui qui l’avoit précédé ; pendant près de deux mois mon ame a été incapable de tout autre ſentiment que celui de la douleur ; toutes ſes facultés ſembloient suspendues par le délire & la fureur du déſeſpoir ; les époques ſe ſont presque toutes effacées de ma mémoire, & je ne me reſſouviens plus que d’avoir ſouffert. Je vous rapporterai les faits tels qu’ils ſont, ſans ornement, ſans art ; ils n’en ont pas beſoin pour intéreſſer mon ami ; je ſuis peu exercé à écrire : vous ne chercherez pas de l’élégance dans mon ſtyle ; vous y trouverez le ton d’un Marin, beaucoup d’incorrections & de franchiſe.