Page:Viaud - Naufrage et aventures de M. Pierre Viaud.djvu/58

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avions deſeſpèré de jouir encore ; la mort qui nous eût délivré de nos ſouffrances eût été ſans doute un bienfait ; mais l’amour de la vie est le ſentiment le plus puiſſant sur le cœur de l’homme : il le conſerve jusqu’au dernier inſtant : les tourmens qu’il éprouve peuvent l’affoiblir ; il est rare qu’ils l’éteignent entièrement. Notre premier mouvement en nous voyant encore ſur le côté du brigantin, fut de remercier le ciel de nous avoir conſervés jusqu’à ce moment, & d’élever vers lui nos mains ſuppliantes pour le conjurer d’achever ſon ouvrage, & de mettre le comble à ſon bienfait en nous facilitant les moyens de nous rendre à terre.