Page:Viaud - Naufrage et aventures de M. Pierre Viaud.djvu/70

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heure eſt venue, nous dit-il, je remercie le ciel de m’avoir conſervé juſqu’au moment ou je vous verrois tous ſauvés. Cette inquiétude ne me fuit point au tombeau. O mes chers compagnons, puiſſiez-vous profiter des faveurs que le ciel vous accorde ? Vous n’êtes peut-être pas encore à la fin de vos peines ; j’aime à me perſuader que vous avez paſſé les plus graves ; je n’en partagerai plus avec vous ; priez pour moi… Je meurs.

Il perdit connoiſſance à ces mots, & un inſtant après il rendit le dernier ſoupir. Sa perte nous arracha des larmes, & suspendit notre joie : elle nous fit faire des réflexions. Nous étions dans un lieu déſert, la terre fer-