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tivement, regardant de tous côtés, dans la crainte d’être ſurpris. Quelques-uns qui ſe défioient de la vigilance de celui qui faiſoit sentinelle, interrompoient leur repos pour veiller en même temps. Je n’ai jamais vu rassemblés sur un si petit nombre d’hommes, tant de malheurs & tant de timidité.

Le 22 Février au matin, presque toute notre troupe fatiguée de la veille de la nuit s’étoit enfin laiſſé surprendre au ſommeil. Tout-à-coup, deux Matelots que la crainte tenoit encore les yeux ouverts, s’écrient d’un ton lamentable : Alerte, voici des Sauvages, nous ſommes perdus. Tous ſe lèvent à ce mot, & ſans ſonger à prendre d’autres informations,