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    être la gloire de notre siècle finissant, la presse entière eut dû n’avoir qu’un cri d’enthousiasme. On eut compris le plus extrême emballement ou alors la réfutation scientifique.

    « Eh bien, rien ! À quelques exceptions près, il n’y a eu que des articles de plaisantins ignares : les brigandages militaires, les clowneries militaresques et les cabotinages de grues en renom, voilà qui est bien plus propre à exciter l’enthousiasme de nos contemporains.

    « Braves Martiens, vous êtes en avance ! Repassez dans quelques siècles : peut-être l’humanité sera-t-elle capable de vous comprendre. Un argument que je n’ai vu signalé nulle part encore en faveur de l’authenticité du signal lumineux serait celui-ci : ledit signal aurait duré une heure dix minutes. Or, en tenant compte du temps mis par la lumière pour parvenir à la terre, ce temps représenterait une division exacte de la journée martienne, une heure de là ou de là-bas, comme ou voudra. »

    Depuis, on a constaté qu’il s’agissait simplement du crépuscule de Mars, lorsque le soleil se couchait à son horizon et dorait ou incendiait le sommet de ses hautes montagnes, mais ces recherches n’en sont pas moins intéressantes et dignes d’être encouragées.

    Cependant, je serais encore impardonnable si je ne rapportais pas ici, malgré la longueur de cette note. les lignes suivantes de Tapernoux du 15 juin 1900 et qui prouvent que chaque jour une découverte nouvelle vient confirmer avec éclat mes propres travaux :

    « M.  et Mme Curie, en étudiant, au laboratoire de l’École municipale de physique et de chimie industrielles, la pechblende, l’un des minerais d’où l’on retire l’uranium, constatèrent que certains échantillons étaient plus actifs que l’uranium lui même. D’où ils conclurent fort logiquement qu’un troisième corps radio-actif donnait ses propriétés au minéral étudié. Ils isolèrent cette substance, par une série d’opérations, et obtinrent un nouveau métal, le polonium, proche voisin du bismuth par ses caractères analytiques, mais qui émettait des rayons Becquerel 400 fois plus actifs que ceux de l’uranium.

    « C’était un résultat superbe. Mais nos chimistes ne s’en tinrent pas là. De longues et patientes recherches leur firent découvrir un quatrième métal, 900 fois plus actif que l’uranium et auquel ils donnèrent le nom assurément mérité de radium.

    « Le radium ressemble beaucoup au baryum comme aspect chimique. Il émet des rayons Becquerel qui permettent d’obtenir de bonnes épreuves photographiques au bout d’une demi-minute de pose. De la sorte, il est pratiquement possible d’obtenir des radiographies, ces belles images de squelettes, sans tubes de Crookes.

    « Les rayons émis par le radium sont assez puissants pour rendre fluorescent le platino-cyanure de baryum, propriété que possèdent à plus forte dose les rayons X.

    « Pendant des siècles, les hommes se sont imaginé que seule la lumière perceptible à leurs yeux existait. Crookes et Rœntgen leur ont prouvé que dans le vide, l’étincelle électrique donnait naissance à des rayons lumineux à la vue, pouvant traverser certains corps, réputés opaques. permettant de projeter