Un télescope monstre
Les yankees ne doutent de rien, mais comme ils n’ont peut-être pas encore tout à fait le degré de science de la vieille Europe, il leur arrive parfois de bonnes histoires ; c’est la dernière du genre que j’ai résolu de conter aujourd’hui à mes lecteurs, dans l’intention de leur dilater agréablement la rate.
Donc la riche et puissante université de Harward, aux États-Unis, vient de faire construire avec tout le soin désirable un télescope de 162 pieds de long et un pied et un pouce d’ouverture — du reste dans la république étoilée tout se fait sur un vaste pied et comme elle est étoilée, c’est pourquoi elle consacre des sommes énormes à étudier ses sœurs du ciel.
Comme si ses jolies filles ne lui suffisaient pas !
Ce télescope dont le nom exact est un photo-héliographe, dressé horizontalement, était créé et mis au monde, à grands coups de dollars, tout exprès pour photographier la planète Éros — un joli nom pour une planète !
Tout avait été prévu avec un soin minutieux et — disons-le hautement — vraiment scientifique : l’image d’Éros devait être captée par un miroir, tandis qu’un