à-dire à l’électricité, sous l’une de ses trois formes qui est la chaleur. Or, toute combinaison produit de la chaleur. Eh bien quand vous assistez, stupéfaits, à ces naissances infinies et infiniment rapides des microbes, à ces résurrections des rotifères, par exemple, vous n’assistez point à des manifestations de vie d’êtres animés, mais bien simplement à des combinaisons chimiques !
Non, mes amis, encore une fois croyez-moi… Et d’une voix grave et solennelle que je ne lui connaissais pas, subitement transfiguré par la foi supérieure en la science intangible et immortelle, quand elle est expérimentale et repose sur la certitude des faits observés, il laissa tomber lentement ces mots :
— La vie n’existe pas, seule la chimie existe.
Involontairement un frisson parcourut l’assemblée et nous eûmes tous comme la sensation que nous étions morts. Mais tout à coup sa femme lui donnant un grand coup sur l’épaule :
— Il est près de deux heures du matin, il faut rentrer.
— Est-ce la vie cela ?
— Je n’ai parlé que des microbes, des infiniments petits…
— Mais pas des grosses bêtes, ponctua sa femme dans un éclat de rire et le couple partit, lui grave, elle l’image de la vie, jeune et ardente.
Nous restâmes encore longtemps rêveurs devant notre thé froid, murmurant machinalement, sans les comprendre les mots fatidiques : La vie n’existe pas, c’est un rêve et seule la chimie est une réalité féconde !
Ô science, voilà bien de tes coups de théâtre et