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et savoir où son âme et même sa personnalité entière se trouvaient.

Elle avait bien consulté toutes les somnambules de France et fait tourner des quantités de tables ; jusqu’alors son fils ne lui avait jamais répondu et cependant le temps passait.

Comme elle me parlait souvent de ses préoccupations et de ses espérances, je cherchais toujours à l’en dissuader, avec infiniment de précautions, comme l’on aurait fait avec une mère ou une grande sœur malade.

— Taisez-vous, taisez-vous, me répondait-elle, subitement nerveuse, si je ne croyais pas profondément à la métempsycose, si je ne croyais pas retrouver mon fils un jour, je sens que je deviendrais folle, et elle se mettait à pleurer silencieusement, puis se reprenant :

— C’est parce que je sais que la métempsycose existe que j’ai plus de mal à me mettre en rapport avec lui, sans cela s’il était pur esprit, il y a longtemps, qu’à ma volonté toute puissante, il m’aurait répondu par l’intermédiaire d’une table ou d’un médium.

Puis la conversation tombait tristement, car je ne pouvais guère éclairer cette douleur maternelle, cet aveuglement obstiné et, en quelque sorte, volontaire.

Cependant bientôt, dans des circonstances aussi étranges qu’inattendues, nous devions avoir la preuve de la réalité de la métempsycose et cette constatation devait, du moins, adoucir les dernières années de sa vie.