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Cependant le rajah fut si content de cette promesse formelle que, me sachant de Paris et non pas de Marseille il me passa de suite au cou le grand cordon de l’ordre de l’Éléphant de Corail !

Toujours dare-dare, en utilisant une cascade de la force de 11 731 chevaux, je fis établir à 6 800 mètres d’altitude, dans un pli de terrain, une puissante machine à refouler l’air comprimé, archi-comprimé et je fis venir de Paris une collection variée de diverses pointures (?) ou tailles de scaphandres.

Une fois en possession de ces vêtements (?) aussi lourds que peu élégants, je dis au rajah :

— Mon prince, le problème est résolu, nous allons aller demain sabler le champagne au sommet le plus élevé de l’Himalaya à 9 000 mètres.

II fut épaté mais, brave, me promit de me suivre, avec son premier ministre, son argentier, la grande favorite et trois de ses enfants.

Le lendemain, de grand matin, ayant tous couché dans mon usine d’air comprimé, installée comme un palais et à laquelle on accédait par un funiculaire en poil de chameau galvanisé — encore une de mes inventions — nous revêtîmes tous un scaphandre suivant notre taille, avec par derrière, en même temps, un joli tuyau en gutta-percha relié à l’usine et devant nous fournir l’air nécessaire pour vivre à ces grandes hauteurs. De plus un fil téléphonique courait le long du tuyau et reliait la bouche de chacun de nous avec l’usine :

Gravement, lentement, lourdement, nous partîmes et commençâmes à escalader ces sommets éternellement blanc et jusque-là inviolés.