de Mammonths avec leurs fourrures, leur crinière imposante qui en faisait comme de vieux lions majestueux, témoins irrécusables de ces temps reculés ?
— Parfaitement.
— Et vous savez peut-être qu’un jour, à notre grand banquet offert au monde savant de toute l’Europe par la Société Impériale de Géographie de Tobolsk, on put servir un excellent filet de Mammonth, absolument bien conservé, frais et exquis, et qui avait peut-être vingt, trente ou quarante mille ans et peut-être plus.
— J’y étais.
Le prince D… me regarda, subitement intéressé à ses propres paroles, trouvant devant lui un auditeur déjà initié à tous ces mystères et c’est d’une voix plus grave qu’il reprit :
— Vous en avez mangé, mais en avez-vous vu de vivant ?
— Quelle folie !
— Quelle folie, dites-vous ? Eh bien j’en ai un vivant, bien vivant chez moi, dans mes terres ; seulement, comme l’Empereur le voudrait certainement, personne ne sait que je possède un pareil trésor.
— Et il a quarante mille ans ?
— Non, il a trois ans seulement et si vous me promettez d’être discret, demain nous prendrons le rapide, ce n’est qu’à une journée d’ici, je vous le ferai voir…
Je regardais le prince, convaincu qu’il était fou. Il était cependant fort calme et l’air souriant, jouissant de ma stupéfaction et de mon ahurissement.
— Hein ! vous vous demandez si je n’ai point une