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— Oui, mais je n’ai plus le temps, jamais je ne pourrais transporter et installer une usine à l’Île Antipode…

Et tout à coup se levant, se frappant le front comme Galilée poussant E pur si muove ! éclatant :

— Oui, vous avez raison, la science vous donne raison, mais je ne comprends plus. Entendez-vous, je veux descendre jusqu’aux Antipodes, je ne veux pas remonter… remonter, quand on creuse un puits, mais l’on descend toujours. C’est vous qui êtes fou. vous…

— Non, mon pauvre ami, quand on traverse la terre par un puits, à partir du centre, on remonte.

Il me regarda un instant en ricanant, les yeux hagards et s’enfuit.

À partir de ce jour il délaissa son usine, il dépensa ses millions à faire construire des sphères de démonstration et à les perforer pour voir s’il arriverait à descendre ou à remonter dans ces puits en miniature.

— Et la pesanteur qu’en faites-vous ?

— Dans l’espèce, la pesanteur est idiote, pourquoi existe-t-elle au centre ?

Enfin, huit années mortelles se passèrent ainsi, puis tout à coup, il eut une lueur de raison et vint me trouver pour me dire qu’il avait enfin compris cette cruelle énigme et qu’il allait installer, en même temps qu’à Paris, une usine à l’Île Antipode pour descendre la fois par les deux bouts.

— C’est la solution pratique, lui dis-je.

— Je le sais bien et quand ça sera fini, je mettrai un homme au centre du puits et de la terre, pour prouver qu’il ne peut tomber ni dans un sens, ni dans