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— C’est bien simple, et je vais vous l’expliquer en deux mots. Vous avez entendu parler de la fécondation artificielle ? Il y a un médecin qui s’y consacre.

— Parfaitement.

— Eh bien, lorsqu’il y a douze ans environ, on trouva un Mammonth en parfait état de conservation, je pris la matière féconde congelée, vous comprenez, je la fis fondre à petit feu, au bain-marie, et, avec les procédés ordinaires sur lesquels il est inutile d’insister, à ce moment j’arrivai à mettre dans une position intéressante une éléphant femelle que j’avais fait venir exprès des Indes, à tout hasard. Vous voyez que les spermatozoïdes étaient revenus à la vie, au bout de milliers d’années, admirable opération chimique plutôt que vitale, et au bout de neuf ans, mon éléphant femelle mettait au monde le jeune Mammonth que vous avez sous vos yeux. Malheureusement, lui aussi est femelle et quand il sera mort, dans 150 ou 200 ans, vraisemblablement ou plus, ce sera fini, je n’aurai pu perpétuer et ressusciter entièrement l’espèce.

Et les yeux du prince D… se mouillèrent de larmes en me disant cela.

— Mais pourquoi ne recommencez-vous pas l’opération qui a si bien réussi une première fois ?

— J’ai essayé de conserver la matière tirée des parties du Mammonth, mais elle n’a pas tardé à se corrompre, malgré mes précautions, et depuis, malgré les millions que j’ai dépensés à faire faire des fouilles, on n’a pu retrouver un seul Mammonth intact dans la glace. À moins d’un hasard impossible