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priais de bien vouloir exécuter, en lui demandant de me tenir au courant des résultats obtenus.

Avec une sagacité et un flair qui dépasse de cent coudées celui des artilleurs les plus renommés, l’illustre savant a bien voulu suivre à la lettre mes instructions et les résultats ont dépassé de beaucoup ses espérances et les miennes, comme on va pouvoir en juger par la lettre suivante qu’il vient de me faire l’honneur de m’adresser :

Monsieur et honoré confrère,

En recevant vos instructions, j’ai tout de suite reconnu que j’avais affaire à un naturaliste distingué (merci) et, vos instructions étant pour moi le trait de génie qui éclairait ma lanterne (sic), je me suis empressé d’exécuter scrupuleusement le programme que vous aviez bien voulu me tracer et qui devait être si fécond, puisqu’il m’a permis de constater d’une manière définitive la longévité et la mémoire des poissons et des oiseaux — ces frères de la nature — puisqu’ils nagent tous dans un fluide de densité différente. J’ai commencé par m’informer de l’endroit où avait été capturé le brochet vénérable qui a plus de quatre siècles révolus d’existence ; je ne tardai pas à savoir qu’il avait été pris dans un lac non loin de la capitale.

Avec la permission des autorités, je le remettais avec mille précautions dans le lac de ses ancêtres et comme l’eau en est très limpide, je suivis avec une émotion poignante et une petite barque ses premières évolutions.

Il fut d’abord un peu dépaysé — ce qui se com-