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— Qui sait ? peut-être qu’il se trouve des microbes pour en souffrir ?

En attendant je crois tenir mon problème et si j’arrive ainsi à démontrer expérimentalement le cycle zoologique de l’univers, je m’estimerai fort heureux.

— Certainement et vous passerez pour le plus grand savant du XXe siècle. Mais comme l’on est insatiable, ne pourriez-vous pas renverser l’hypothèse ou plutôt vos expériences, pour repartir de nouveau de la cellule gélatineuse et revenir par le microbe, les invertébrés, les vertébrés, l’homme et les grands animaux jusqu’au point culminant des grands monstres d’autrefois ?

— Non, car plus on remonte et plus le temps de la gestation est long, après une puberté qui n’arrive qu’à 12, 15 et même 20 ans.

— Vous avez raison.

— Je serai mort avant, mais enfin le renversement de la proposition serait évidemment intéressant. Ce serait l’œuvre de mes successeurs… si je la croyais réalisable, car les conditions géologiques de la terre ne sont pas les mêmes ; on ne peut recommencer deux fois le même cycle, et nous allons vers la mort du globe … lentement, oh ! très lentement !

— Heureusement.

Mon cigare s’éteignait ; le docteur était muet et rêveur et, dans ce silence quasiment religieux, mes yeux tombèrent involontairement sur le couple de l’homme-mouche et de sa femme et je poussai un cri ; ils s’étaient laissés choir de leur canapé sur la porcelaine froide du cendrier.

Imperturbablement, le docteur articula :