Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 63 —

Je ne m’attarderai pas sur les péripéties, d’ailleurs peu dramatiques, de notre retour. Il suffit de savoir que nos tubes, comme provision d’air, n’étaient pas à moitié vides et que l’appareil du brave Souleau fonctionnant très bien, il fut tout heureux de ne pas éclater et de respirer librement, comme vous et moi, sur le pont du bateau, avec un peu d’étourdissement au début, comme lorsqu’on a le mal des montagnes.

Après avoir relevé exactement le point où nous nous trouvions, nous filâmes rapidement pour faire voir à Souleau les îles Kermadu et l’archipel des Amis, mais la grosse mer nous empêcha de débarquer, de sorte que le pauvre garçon que nous avions habillé comme nous, pour le soustraire au froid de l’air ambiant et aussi à la curiosité de nos mathurins, disait moitié triste, moitié gai :

— Comme Moïse, je dois me contenter de voir de loin la terre promise ; je dois m’estimer encore heureux, puisque je suis le seul homme de ma race, le seul sous-marin qui ait jamais remonté à la surface des flots, grâce à votre audace tranquille et à votre ingéniosité.

Chose étrange, à son contact j’étais arrivé, me souvenant des leçons de mon père qui, lui-même avait appris l’hébreu du Père La Touche, à le comprendre aussi bien que le capitaine.

Au bout de huit jours, comme il paraissait s’anémier un peu, nous préparâmes sa descente avec les mêmes soins, les mêmes précautions.

Il me remit, en nous quittant, un manuscrit : ses impressions pendant son séjour à bord de notre navire, que je publirai peut-être un jour, quand