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Jeunes gens, hommes faits suivent le patriarche
Et reprennent en chœur son cantique fervent.

Bas rouges, robe noire et châle des dimanches,
Les femmes bravement leur emboîtent le pas ;
Et c’est au loin comme une mer de coiffes blanches,
Un flot qui toujours roule et qui n’est jamais las.

Fillettes au regard étonné, bonnes vieilles,
Il en est de tout âge et de toute couleur.
C’est le bourdonnement d’une ruche d’abeilles
Sous un soleil d’été, dans le courtil en fleur.

Et derrière, mon Dieu, que d’êtres en guenilles
Au visage dolent et pourtant guilleret !
Des boiteux dans l’azur agitent leurs béquilles,
Des ivrognes font halte au premier cabaret.

II


Ô chrétiens qui rêvez, en plein péché peut-être,
Aux périssables biens qu’on acquiert en passant,
Voyez donc quel palais a choisi, pour y naître,
L’unique, le grand Roi, le Seigneur tout-puissant.

Regardez, bonnes gens. Ce n’est qu’une humble crèche
Où la mère et l’enfant sont blottis dans le foin.