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Ô source de miséricorde ! Ô Dieu clément !
Avons-nous donc commis le mal irréparable ?
Ne verrons-nous jamais votre face adorable ?
Languirons-nous toujours, privés du sacrement ? »

Et cette humble prière et ce cri d’agonie
Vers le ciel implacable essayaient de monter,
Un invisible vent semblait les ballotter ;
Ils roulaient, au hasard, dans la vague infinie.

Sur les eaux se levait un parterre enchanté
Où des lys de lumière étoilaient chaque branche.
L’étincelant miroir de la mer toute blanche
Réfléchissait, tranquille et pur, l’immensité.

À la pointe des flots, au loin, se fit entendre
Une musique étrange et qui serrait le cœur.
C’était comme un long rire au caprice moqueur,
Comme un appel d’amour, idéalement tendre.

L’impassible horizon s’illumina soudain,
Le soleil balaya ce qui restait de brume.
Je vis un corps suave et ruisselant d’écume
Grandir parmi les fleurs du féerique jardin.

Oh ! ce torse éclatant d’immortelle statue,
Ce visage adorable et pétri de clarté,