Page:Vicaire - Au pays des ajoncs, 1901.djvu/47

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Et toi, ville engloutie aux lueurs de l’éclair,
Réjouis-toi, Kéris, et fais ta pénitence.
Espère. Le Seigneur bénira ta constance.
Et tu refleuriras, ô rose de la mer !

Ah ! je suis comme toi, la ville abandonnée,
Où l’herbe pousse autour des croix, qui meurt sans bruit ;
Celle qui de l’abîme où nul astre ne luit,
Crie en pleurant : Quand donc serai-je pardonnée ?

À l’heure où le soleil s’abaisse à l’horizon,
Elle a senti passer l’aile du mauvais ange.
Quel souffle d’au-delà balaiera cette fange ?
Qui saura retrouver les clefs de la prison ?

La chapelle en plein bois, l’église de l’aurore
Qui vit mon innocence et reçut mes aveux,
L’église de mon âme a-t-elle éteint ses feux ?
L’Angelus du printemps chantera-t-il encore ?

Hélas ! tant de faiblesse lâche et de rancœur !
Ils sont loin, les matins dorés de la colombe.
Et j’entends, plein d’effroi quand la lourde nuit tombe,
Mary-Morgan chanter sur la mer de mon cœur !