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La Vierge a retrouvé sa grâce naturelle,
Ses yeux de pur amour et son calme enchanté,
Et dans l’azur profond j’entends la tourterelle.

Mais du tranquille abîme un soupir est monté,
La lumière pâlit et la brume s’allonge
Comme une robe d’ombre autour de la beauté.

Il a surgi sur l’eau des visages de songe
Lentement tout le ciel à la mer s’est uni,
Et voici se dresser le palais du mensonge.

II


Oh ! quelles îles d’or et quel pays béni
S’épanouissent tout là-bas, dans le mystère ?
Ne vois-le pas le grand chemin de l’infini ?

Au large resplendit le splendide parterre,
Le jardin sans pareil qui s’émaille, au matin,
D’éblouissantes fleurs qu’on ne voit pas sur terre.

Sur des flots de velours, de moire et de satin
Glisse nonchalamment la flottille des fées ;
Leurs rames que j’entends font un bruit argentin.

Elles s’en vont sur l’eau, d’algues vertes coiffées,
Elles vont. Leur gaité s’éparpille dans l’air,
L’odeur de leurs bouquets m’arrive par bouffées.