Page:Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein - Mémoires de Madame la marquise de La Rochejaquelein, 1889.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

journée ; mais quelle fut notre joie, le soir à huit heures, cri entendant tous ces braves courir, en désordre, criant ; « Citoyens, au secours ! Les Brigands nous poursuivent ; illuminez, illuminez ! » Ce ne fut que tumulte pendant toute la nuit, et nous la passâmes attendant avec impatience l’armée royaliste, qui cependant ne vint pas.

Je m’arrête pour raconter la bataille qui sauva à cette époque la Vendée ; elle m’a été décrite par plus de cent témoins ; elle fût due tout entière à Henri.

Je reprends l’histoire de celui-ci, du jour de son départ, de Clisson. Il arriva chez sa tante après la marche la plus pénible et la plus dangereuse, et y laissa M. de la Cassaigne. Il apprit que l’armée était du côté de Cholet et de Chemilié ; les jeunes gens des environs de Châtillon s’y rendaient, il y fut aussi et arriva pour être témoin de la perte d’une bataille qui fit reculer l’armée jusqu’auprès de Tiffauges, tout à fait dans l’intérieur du pays. MM. d’Elbée, de Bonchamps, Stofflet et autres, lui dirent qu’ils regardaient la révolte comme manquée ; il n’y avait en tout que deux livres de poudre dans l’armée, et elle allait se dissoudre.

Henri, pénétré de douleur, s’en retourna seul chez lui ; il y arriva le jour même où les Bleus, sortis de Bressuire, avaient pris les Aubiers et avaient dissipé un petit rassemblement qui voulait s’y opposer. Il n’avait point de chef, n’y ayant encore eu aucun noyau de formé dans cette partie, dont les paysans allaient simplement se joindre à l’armée d’Anjou, après avoir arboré le drapeau blanc dans leurs paroisses qu’on n’avait pas encore attaquées ; toutes les troupes républicaines se portaient jusqu’alors du côté de l’Anjou ou du côté de Nantes et Montaigu, Henri croyait tout perdu et ne supposait même pas qu’on pût rien faire, quand les paysans, apprenant qu’il venait d’arriver ; furent le trouver et lui dirent que, s’il voulait se mettre à leur tête, cela ranimerait tout le pays, et que dans la nuit on ferait un rassemblement de huit à dix mille hommes ; Henri y consentit avec joie.