CHAPITRE XXII
DEPUIS LE 1er JANVIER 1794 JUSQU’AU 20 MAI SUIVANT
es paysans bretons étaient accoutumés à cacher beaucoup
de monde : presque tous leurs prêtres, les requis et ceux
qui avaient marqué dans l’insurrection ; une quantité de
Vendéens vint s’y joindre. Les patriotes, n’ignorant point l’opinion
du pays, faisaient des fouilles continuelles. On peut dire
qu’à cette époque les volontaires tuaient qui ils voulaient, et
sans jugement ; ils rapportaient les oreilles d’un Brigand, et,
sans s’informer de la vérité, on applaudissait. Ils tiraient sur les
gens du pays qui, à leur approche, cherchaient à s’enfuir, et il
fallait s’arrêter ou risquer de recevoir des coups de fusil. Qu’on
ne croie pas que nous nous étions mis dans des caches, nous
étions au contraire toujours dehors, tout le pays étant bon ; cependant
il y avait à craindre les bavardages et des dénonciations
de quelques habitants des bourgs, où l’on reconnaissait facilement
les étrangers. Beaucoup de nos gens se faisaient des loges
dans les bois pour y coucher, surtout les hommes, qui trouvaient
plus difficilement asile que les femmes.
Comment ne pas admirer, cependant, l’hospitalité et la bra-