Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lourde. Je décidai alors de faire sur le champ la cérémonie de la première communion, remettant jusqu’à l’arrivée de l’évêque la célébration de la messe solennelle. Entre onze heures et midi le prélat parut enfin ; je chantai la messe et il donna la confirmation. Rien d’étonnant si j’étais exténué après ce long jeûne et l’énervement de cette longue attente. Chacun comprendra la plainte discrète exprimée plus haut.

Un dernier mot sur cette question des boissons fermentées aux États-Unis. Une fois engagé sur la pente des exagérations, on ne s’est plus arrêté, et j’ai lu moi-même dans un manuel d’hygiène à l’usage des enfants des écoles un chapitre qui se résume ainsi : « Ne buvez pas de whisky, c’est du poison ; ne buvez pas de vin, c’est du poison ; ne buvez pas de bière, c’est du poison ; ne buvez pas de café, c’est du poison ; ne buvez pas de thé, c’est du poison ; buvez de l’eau, et encore prenez bien garde, car la plupart des eaux sont impures ».

Au centre de la paroisse, c’est-à-dire dans la colonie canadienne, la fréquentation des sacrements était générale, du moins aux trois grandes fêtes de l’année : Pâques, les Quarante-Heures et Noël. Cependant depuis la suppression de la messe de minuit, le nombre des communions a sensiblement diminué. Un groupe d’âmes pieuses s’approche des sacrements aux principales fêtes de l’année, et surtout le premier vendredi du mois. Il y avait en tout dans la paroisse dix ou douze réfractaires parmi les Canadiens ; et encore, plusieurs s’étant rendus, il n’en restait que trois à mon départ.

Aux approches de la mort il est absolument inouï que personne ait refusé les secours de la religion ; et jamais dans aucune famille on ne manqua d’appeler le prêtre lorsque quelqu’un se trouvait en danger de mort. Toutefois