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SIX ANS AUX MONTAGNES ROCHEUSES

dence refusèrent de prendre l’école publique de Frenchtown qu’on leur offrait ; car les administrateurs d’une école de district sont parfaitement libres de choisir l’instituteur ou l’institutrice qui leur plaît, fût-ce un clergyman ou une religieuse, pourvu que l’un et l’autre soient diplômés ; en d’autres termes, l’école américaine n’est pas laïque, du moins en principe. Les Sœurs dont je viens de parler, me disaient : « Comment pourrions-nous enseigner dans une école où il ne nous serait pas permis de faire le signe de la croix ? » Et pour qu’on ne m’accuse pas d’exagérer, je vais citer ici quelques lignes de la brochure du P.  Forbes, intitulée : « Les catholiques et la liberté aux États-Unis ». Après avoir loué la largeur d’idées avec laquelle, selon lui, les États-Unis ont organisé l’enseignement secondaire et supérieur, en maintenant le grand principe du droit naturel : « c’est au père qu’il appartient d’élever l’enfant et de choisir des maîtres », il ajoute :

« Chose étrange ! quand il s’agit d’enseignement primaire, tous ces beaux principes sont oubliés ; l’excuse, c’est la force majeure que créent les circonstances étranges, comme l’éparpillement des familles sur un territoire grand comme l’Europe, et l’impuissance de ces familles à se pourvoir. Alors les autorités locales, se substituant aux parents, ont, avec une prodigalité qui serait admirable si elle n’était injuste, créé de tous côtés des écoles publiques, « nominalement neutres » en religion, mais de fait, petits foyers d’indifférence et d’impiété, qui sont entretenus aux frais de tous ; de sorte que l’éducation confessionnelle primaire et primaire-supérieure n’est possible qu’à la condition de payer deux fois. »

« Au dire du Tablet du 17 janvier 1903, le P.  Pardow, jésuite très connu, déclare que les catholiques des États-