Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aussitôt on se met à l’œuvre. Des quêteurs et des quêteuses sont désignés pour parcourir la paroisse et re cueillir de l’argent, s’il est possible, mais surtout des provisions et des dons en nature : volailles, légumes, beurre, crème, etc. Il en faut de grandes quantités, car le jour de la fête, toute la paroisse et les visiteurs, venus des pays limitrophes, seront invités par le comité à consommer ces provisions à une table commune. Comme elles ne coûtent rien, et que chacun paie son repas, c’est une première source de revenus. Pour donner le bon exemple, ce jour-là, le curé lui-même mange à l’hôtel et paie comme les autres.

Afin d’attirer le plus grand nombre possible de visiteurs, on annonce d’avance dans les journaux, des sports de toutes sortes, avec prix en argent ou en nature : courses de chevaux, de voitures, de bicyclettes ; courses d’enfants, de jeunes filles, de femmes mariées, d’hommes gras ; courses en sac, joutes nautiques, jeux burlesques, etc. Si le temps est beau, la foule sera énorme, et tout le monde, non seulement mangera, mais aussi boira par les soins et au profit du comité.

Voici comment on s’y prend pour faire le plus d’argent possible. Tous les « salons » (ainsi s’appellent les cabarets), sont fermés, excepté un, loué par le comité et où se débitent exclusivement les boissons du jour. Les hommes, réunis au « salon », se « traitent » les uns les autres. Un fermier, bien posé dans la paroisse, ouvre le feu. « Je traite », dit-il, et il jette sur le comptoir un dollar ou deux. C’est une invitation à la consommation. Là-dessus quatre ou cinq hommes s’approchent et demandent, celui-ci un cigare de deux sous, celui-là un verre de bière ou quelqu’autre consommation insignifiante au point de vue de la dépense. On prend le prix sur le dollar ou les dol-