Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/127

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sait aux abords de l’hôtel, une heure avant l’ouverture du bal. Chaque fois que ce jour-là il m’est arrivé de me mêler aux groupes de mes paroissiens sur la place ou dans la rue à ce moment de la journée, j’en suis toujours revenu très satisfait, j’allais dire édifié. Représentez-vous ces bons fermiers endimanchés, la boutonnière fleurie ; ces jeunes filles en robe blanche, élégantes et simples comme la fleur des champs ; ces matrones au port noble, aux allures de douairières ; les apostrophes joyeuses en bon vieux français, le babil des enfants, les éclats de rire sonores, ces effluves de gaieté franche et pourtant contenue, car le sentiment religieux domine. On va danser, on va se livrer à ce plaisir cher entre tous ; mais en va danser pour aider l’église, et malheur à qui déshonorerait la paroisse par la moindre indécence. Encore une fois, tout se passe très bien à ce bal, autrement il est clair que le curé ne le tolérerait pas. Une année, un mauvais sujet se proposait de faire du scandale à l’occasion de la Saint-Jean-Baptiste, je supprimai la Saint-Jean-Baptiste. J’y perdis la forte somme, mais je gagnai ainsi la sympathie et le respect de mes paroissiens.

Épilogue. Quelques jours après le 24 juin, le président et le secrétaire du comité se présentent à la cure avec un sac de grosse toile, contenant le profit net de la fête, en espèces sonnantes. Le curé accepte, remercie, offre un verre de vin, et en voilà pour jusqu’à la Saint-Jean-Baptiste prochaine.

Sans être aussi bruyantes, les journées d’élection ne manquaient pas de vie et d’animation.

Aux États-Unis, le système d’élection est très compliqué. Les électeurs ont à élire sur la même liste tous les représentants de l’autorité, depuis le Président de La République jusqu’au garde-champêtre, en passant bien