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SIX ANS AUX MONTAGNES ROCHEUSES

monts Olympiques, qui bordent l’Océan. À l’Est, c’est la chaîne des Cascades avec le mont Rainier, ce géant des montagnes, élevant dans un isolement superbe, à 4000 mètres de hauteur, sa masse énorme couronnée de neiges éternelles.

La chaîne de collines qui borde la mer est extrêmement abrupte et presque à pic à certains endroits. On y a construit trois funiculaires qui l’escaladent, à Madison-street, à James-street et à Yeslerway  ; mais il fallait ouvrir une voie plus large de communication avec le vallon central que traverse dans toute sa longueur, du Nord au Sud, la 12e Avenue  ; pour cela il était nécessaire de percer une large brèche à travers ce seuil rebelle et de jeter dans la mer des millions de mètres cubes de terre  ; ce travail gigantesque fut entrepris et se continuait encore sous mes yeux en 1908. Des jets d’eau énormes, actionnés par de puissantes pompes à vapeur, désagrégeaient les terres et les entraînaient par de longs canaux en bois jusque dans le golfe. Les roches, déchaussées par le même procédé, s’écroulaient au fond de la tranchée, où on les faisait sauter à la dynamite. Cette large voie de communication, à ciel ouvert, doit être terminée maintenant et sillonnée par de nombreuses lignes de trams électriques.

En 1881, Seattle n’était guère qu’un village  ; aujourd’hui c’est une ville de plus de 300.000 habitants. Le trait caractéristique de cette population, c’est le nombre très considérable de Japonais qu’elle renferme, et il y a bien des chances pour que dans un avenir rapproché Seattle soit une ville presque entièrement japonaise. Les grandes compagnies de chemins de fer avaient rêvé de faire de ce port le point de départ du commerce américain avec l’Extrême-Orient  ; le célèbre Canadien, Hill, après avoir poussé ses lignes ferrées jusqu’à Seattle, avait fait cons-