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MONOGRAPHIES INDIENNES.

en prend le plus. Parfois éclatent de terribles querelles : ainsi deux Pieds-Noirs revenant d’une razzia chez les Corbeaux, l’un tua l’autre et s’empara de tout le butin. Il y aurait des volumes à écrire sur tous ces épisodes de guerre, si le temps ne les avait ensevelis dans l’oubli.


III.

Mode d’élection des Chefs.


L’orgueil est la passion dominante de l’Indien. Une longue expérience m’a convaincu que son rêve préféré est d’être chef, de dominer, de paraître supérieur aux autres par le rang et le talent. De là leur extrême susceptibilité au moindre manque de courtoisie et de respect  ; de là aussi leur témérité dans les combats par amour de la gloire  ; rien ne leur paraît plus beau que de raconter leurs exploits devant toute la tribu réunie, au milieu d’un silence imposant, et d’exciter la jeunesse à imiter leurs exemples. Ils rendent hommage à la supériorité des blancs dans les questions d’art ou de science  ; mais ils se regardent comme supérieurs à eux en bien des points, entre autres dans leur manière d’arriver au pouvoir et de choisir leurs chefs.

Un Indien me dit un jour : «  Vous autres, blancs, quand vous voyez un homme riche, vous allez à lui, vous le flattez et le prenez pour chef. Pour nous, nous ne faisons pas de chefs, mais tous les chefs se font eux-mêmes. Qu’un homme se présente et par ses exploits nous prouve sa bravoure, nous, Indiens, nous le suivons aussitôt. » Quatre choses sont requises pour un chef Indien. — La première est de posséder, la pipe. — Un jeune homme