Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/165

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une douzaine de branches qu’ils enfoncent dans le sol en un cercle de deux ou trois mètres de diamètre  ; ils abaissent les extrémités des branches et les lient ensemble, formant ainsi une tente qui ressemble à une grande corbeille renversée. Ils s’enveloppent de couvertures, allument au dehors un grand feu sur lequel ils mettent des pierres grosses comme la tête d’un homme. Quand les pierres sont brûlantes, ils les poussent avec des bâtons jusqu’au milieu de la tente et en font un petit tas. Le malade se déshabille et entre dans la tente avec un seau d’eau  ; un des assistants rabat les couvertures sur la porte et le patient reste dans l’obscurité la plus complète. Il verse quelques tasses d’eau sur les pierres brûlantes et la vapeur s’élève  ; le baigneur s’étend par terre et la vapeur se condense à la partie supérieure de la tente et descend peu à peu sur les membres qui se couvrent de sueur. Après cinq ou dix minutes, à un signal donné de l’intérieur, l’assistant soulève la couverture  ; la vapeur s’échappe en nuage épais et l’Indien se remplit les poumons d’air frais. Cette opération se renouvelle plusieurs fois, et enfin le malade sort de la tente tout ruisselant de sueur. Quelques-uns courent se plonger dans l’eau du fleuve, d’autres se couchent par terre, laissant au vent le soin de les sécher.

À la vertu curative de ce bain de vapeur, les Indiens ajoutent leurs superstitions et font de la tente de sueur une tente de prières  ; ils prient à haute voix de manière à être entendus de tous ceux du dehors. Avant une entreprise importante, ils ont coutume d’entrer dans la tente de sueur, où ils prient pour eux-mêmes et maudissent leurs ennemis  ; parfois aussi ils se livrent à cette pratique dans un but tout à fait mauvais.

Quelquefois ce traitement est avantageux à leur santé, mais souvent il leur est nuisible, à cause du passage subit