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MONOGRAPHIES INDIENNES.

art. Il se mit à chanter, tandis que le malade restait assis par terre sur une couverture. Il lui mit le bras gauche autour de la tête et avec la paume de la main droite il le frappa fortement à plusieurs reprises sur la nuque, lui demandant : «  Vois-tu maintenant  ?   » L’autre répondit : « Non.  » Le docteur reprit : «  Ne veux-tu pas me voir  ? — Oh  ! si,   » répondit le malade désespéré. Et l’honneur du médecin était sauvegardé.

Le pire, c’est lorsqu’ils sautent à pieds joints sur le ventre et l’estomac du malade et le foulent à plaisir.

Le 14 août 1891, je campais au pied des montagnes appelées Big-Horn. Dans la tente voisine de la mienne vivait un vieil Indien avec sa femme, dont le nom signifiait : «  Frappe le cavalier du cheval pommelé.  » Le voyant malade, elle lui pressa le ventre avec les mains, et sautant sur lui à pieds joints, elle se mit à le piétiner : elle voulait le faire vomir. Je courus à elle et la repoussai loin du patient. Après le dîner, celui-ci prit un bain dans le ruisseau voisin. Alors la vieille vint me dire : «  Mon mari veut que je le foule avec les pieds  ;   » je lui répondis que les Indiens avaient des oreilles de fer, qu’ils ne voulaient rien entendre de ce qu’on leur disait pour leur bien et qu’elle était libre d’agir à sa guise. L’homme sortit de l’eau et se coucha par terre sur le dos couvert d’un chiffon. La femme sauta sur la victime et recommença sa brutale opération. Appuyée sur le pied gauche, elle pressait de toutes ses forces avec le pied droit. L’homme poussa un hurlement formidable : j’accourus  ; d’après les apparences, il était mort. Ce qui augmenta ma surprise, c’est que la femme continuait le traitement homicide, persuadée qu’il respirait encore. Il vint une autre femme  ; ensemble elles traînèrent le corps dans la tente, et toutes deux avec les deux poings se mirent à