Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/197

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mon fils ; je priai toutes les pierres : ô pierres, aidez-moi, guérissez mon fils : mon fils mourut.

» Alors j’ai changé d’avis ; j’ai renoncé aux prières et superstitions des Piégans, et désormais je ne prierai plus que Dieu seul ! J’adopterai ta prière, ô Robe Noire, et voilà pourquoi je veux être baptisé. Les superstitions et les médecines des Pieds-Noirs n’ont aucune puissance. Dieu seul est puissant et c’est lui seul que je veux prier, et je désire recevoir la communion le jour de Pâques. J’avais un tas d’objets superstitieux, mais je les ai tous jetés et je ne conserve que le crucifix et les images saintes. »


XVIII.

Le Barbier Indien.


Les Indiens n’ont pas de barbe ; la peau de leur visage est lisse comme celle des femmes ; mais cela n’est pas naturel ; de fait, les adultes sont tous armés de pinces avec lesquelles ils arrachent les poils de leur visage, sitôt qu’ils paraissent.

Un jour que je me trouvais dans un campement d’une trentaine de loges sur les bords du fleuve Big-horn, je visitai un malade couché en plein air près de la tente. Un Indien à l’extérieur brutal remarqua que je n’étais pas rasé depuis une quinzaine de jours. Il m’offrit une pince en me disant : Arrache-toi la barbe. Je refusai et continuai à parler au malade. Mais lui, en vrai Indien, restait planté là devant moi, la main tendue et répétant : Arrache-toi la barbe.

Une douzaine d’hommes faisaient cercle autour de nous, le sourire aux lèvres, curieux de voir comment cela finirait. Je me levai, pris la petite pince et dis au barbier :