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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/202

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XX.

Histoire d’un serpent.


À l’Est de la Réserve des Pieds-Noirs s’étendent d’immenses prairies, légèrement ondulées comme les vagues de la mer. À soixante milles environ s’élèvent trois collines appelées Collines de l’herbe douce. Trois guerriers Pieds-Noirs, au cours d’une chasse, s’approchèrent de la colline du milieu qui est la plus élevée. En gravissant la pente, ils rencontrèrent un sentier battu, mais sans aucune trace d’animaux. À mi-côte, ils entendirent un sifflement aigu et virent au sommet de la colline un grand serpent enroulé sur lui-même, la tête dressée au-dessus des anneaux. Cette tête ressemblait à celle d’un taureau avec de longues cornes ; il dardait la langue en sifflant avec rage. Les Pieds-Noirs épouvantés s’écrièrent : Sauvons-nous. Mais l’un d’eux s’obstina follement à vouloir tuer le monstre de descendit de cheval. Les deux autres l’abandonnèrent et s’enfuirent précipitamment. Bientôt ils entendirent un coup de fusil et le bruissement du serpent qui s’élançait du haut de la colline. La fumée dissipée, leur compagnon avec son cheval avait disparu et ils virent le serpent seul remonter lentement vers la cime. Les Pieds-Noirs s’en retournèrent au camp en chantant l’hymne des morts et racontèrent comment leur camarade avait été englouti vivant par un serpent. Une centaine de guerriers se rendirent à la colline, et voyant le serpent la tête haute et menaçante, à un signal donné, ils tirèrent tous ensemble sur lui et s’enfuirent poursuivis par le monstre. À mi-côte cependant il s’arrêta et regagna le sommet. Les Pieds-Noirs revinrent à la charge. Pour la quatrième fois ils