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droits on les voit par centaines groupés en familles autour de leurs trous, assis sur leur train de derrière, droits comme des piquets et se servant de leurs pattes de devant comme de mains. Leur cri ressemble à celui des rats ; dès qu’ils voient venir quelqu’un, ils rentrent prestement dans leur trou, mais avant de disparaître sous terre, ils agitent rapidement la queue comme pour saluer.

Je l’ai dit plus haut, les serpents à sonnettes visitent souvent ces terriers, si bien qu’on les croit grands amis des chiens de prairie. Or, un jour que je me trouvais dans une de ces colonies de chiens, je vis un gros serpent à sonnettes couché tranquillement à l’entrée d’un terrier ; au milieu du ventre, il avait une bosse, grosse comme le poing. Je tuai le serpent : avec mon couteau je lui ouvris le ventre et j’y trouvai un petit chien de prairie qu’il avait avalé tout entier avec ses poils. J’en conclus que les serpents à sonnettes, loin d’être les amis des chiens de prairie, sont leurs plus mortels ennemis et qu’ils ne visitent leurs terriers que pour dévorer leurs petits.


XXII.

Le climat du pays des Pieds-Noirs.


Le climat du pays des Pieds-Noirs est plutôt rude. Qui n’a pas de bons poumons fera bien de n’y pas venir. L’été est court ; il n’y a presque pas d’automne ni de rintemps. Le terrain ne se prête guère à la culture ; on n’y fait qu’une récolte de foin par an ; la seule ressource est le bétail.

L’hiver est rigoureux : le thermomètre descend souvent jusqu’à 25 ou 30° Fahrenheit au-dessous de zéro ; quelquefois jusqu’à 40° et même 50°. Depuis la fin de décembre