Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/214

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il fonda la mission du Sacré-Cœur et la donna à gouverner au P. Nicolas Point, jésuite français, auquel il adjoignit un Belge, le Fr. Charles. Ils demeurèrent seuls jusqu’en 1844 ; à cette époque vint les rejoindre le P.Joset, suivi quelques années après, en 1854, d’un bon nombre de Pères italiens des provinces de Turin et de Rome. Le zèle et la patience des missionnaires triomphèrent peu à peu des obstacles qui s’opposaient à la conversion de cette tribu et qui venaient pour la plupart de leur vie errante et de leur inimitié envers les Blancs. Aujourd’hui toute la tribu des Cœurs d’Alêne est catholique et si fervente que tous, sans exception, s’approchent des sacrements aux principales fêtes de l’année. Beaucoup communient chaque premier vendredi du mois ou même plus souvent ; de là la pureté et I honnêteté de leur vie.

Ils célèbrent leurs mariages selon les rites de l’Église, et se préparent à ce grand acte par plusieurs mois de prières et de recueillement. Ils gardent si religieusement la foi conjugale, que jamais parmi eux on ne vit un seul divorce. Les femmes, autrefois traitées comme des bêtes de somme, sont actuellement aimées et respectées de leurs maris, et personne n’oserait prendre avec elles la moindre liberté. Elles ne se montrent en public qu’avec une ou plusieurs compagnes, toujours très modestement vêtues, portant sur la poitrine en guise de bijou une médaille de la Vierge Immaculée.

Chez les Cœurs d’Alêne, l’esprit de justice et de fidélité à la parole donnée dans leurs rapports avec les Blancs où avec les autres sauvages sont fort remarquables : si bien que ce nom de Cœurs d’Alêne, qui leur avait été donné à cause de leur astuce et de leur perfidie, signifie maintenant un Indien honnête, tandis que le nom d’Indien