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SIX ANS AUX MONTAGNES ROCHEUSES

paquetés, debout dans leurs châles multicolores, de sorte que la petite tête brune de l’enfant, piquée de deux grands yeux noirs, émerge et regarde curieusement par-dessus l’épaule de sa mère.

Le lendemain, 31 octobre, les Indiens commencèrent à arriver en grand nombre. La première voiture parut à l’entrée du campement à 11 h. ; elle était attelée de deux chevaux blancs  ; deux Indiens, enveloppés de leur couverture rouge, étaient assis sur le siège  ; derrière, des formes confuses accroupies, sans doute des femmes. D’autres voitures suivirent, comme aussi beaucoup de cavaliers, hommes ou femmes, seuls ou en troupes. Peu à peu le camp s’anima  ; des spirales de fumée blanche s’élevèrent au-dessus des toits  ; le hennissement des chevaux, les aboiements des chiens, rompirent le silence pesant de la solitude, et la nuit venue, les fenêtres s’éclairèrent de nombreuses lumières, perçant l’obscurité opaque.

Le lendemain, jour de la Toussaint, la cloche appela ce bon peuple à l’église du Sacré-Cœur pour la grand’messe  ; ils vinrent sans retard et formèrent bientôt la foule la plus pittoresque et la plus bariolée qui se puisse voir. Bon nombre d’hommes portaient une sorte de tunique flottante, faite d’une légère étoffe blanche ou noire  ; plusieurs étaient majestueusement drapés dans leurs couvertures de couleurs voyantes, où le rouge domine. Sur toutes les têtes, le chapeau de feutre blanc aux larges bords contrastant avec les longues chevelures noires. Parmi eux je distinguai quelques types vraiment admirables et d’une beauté sculpturale. On me présenta deux ou trois personnages, entre autres le premier chantre, Louis, et le policeman : il faut savoir que la police dans les Réserves est faite par les Indiens, sous la direction de l’agent.

Je ne sais quelle erreur avait été commise, et des fleurs