qu’un probabiliste ; c’est uniquement pour sauver la probabilité qu’il a admis l’existence de la vérité ; il a paru changer d’opinion, mais la concession qu’il a faite au dogmatisme est de pure apparence.
En quoi donc diffère-t-il de Carnéade et quelles sont les nouveautés qu’au témoignage de Cicéron il a apportées ? Malgré l’autorité de Zeller, nous ne croyons pas qu’on doive lui attribuer en propre la distinction entre les choses évidentes ou probables (perspicua, probabilia) et les vérités certaines ; cette théorie est de Carnéade[1], comme on l’a vu plus haut. Tout au plus pourrait-on accorder que Philon a attaché plus d’importance à la partie positive qu’à la partie négative de la doctrine de Carnéade ; il insiste plus volontiers sur le caractère probable ou vraisemblable de certaines propositions. Nous avons vu comment, avec Métrodore, il prêtait à Carnéade des assertions plus positives que ne le voulait Clitomaque. D’après Philon, Carnéade croyait que le sage peut avoir des opinions ; Cicéron, d’accord avec Clitomaque, ne voyait là qu’une thèse soutenue pour contrarier les stoïciens[2].
Les nouveautés de Philon se réduisaient à deux points. Il déclarait, ce que Carnéade n’avait pas dit et ce qu’il n’aurait peut-être pas accordé, que la vérité existe. En outre, et précisément peut-être parce qu’il reconnaissait l’existence de la vérité, il a prétendu rattacher la nouvelle Académie à l’ancienne. Platon, en effet, qui croit aussi à l’existence de la vérité, a souvent des formules dubitatives[3] ; il entoure ses assertions de beaucoup de réserves ; il n’admet pas non plus que les sens soient juges de la vérité, et il permet au sage[4] d’avoir des opinions. Philon a donc pu, à tort, nous le voulons bien, mais de très bonne foi, se croire le continuateur fidèle du fondateur