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LIVRE II. — CHAPITRE VI.

pour maîtres le stoïcien Mnésarque[1] et surtout Philon, dont il suivit les leçons pendant fort longtemps[2]. Nous ne savons si, après avoir quitté Athènes, il vint à Rome ; mais nous le retrouvons plus tard à Alexandrie, avec Lucullus, en l’an 87 suivant les uns, 84 suivant les autres[3]. Vers 79, lorsque Cicéron, pendant la dictature de Sylla, jugea prudent de quitter Rome, et alla passer six mois à Athènes, Antiochus y enseignait avec éclat[4] : il était le chef incontesté de l’Académie. Enfin, il accompagna encore Lucullus en Syrie et assista à la bataille de Tigranocerte[5] (69 av. J.-C.). Il mourut peu de temps[6] après, en Mésopotamie, à la suite des fatigues de la campagne[7].

Cicéron, sans partager toutes les opinions d’Antiochus, avait pour lui beaucoup d’affection et d’admiration[8]. Il vante l’aménité de son caractère, la finesse de son esprit, l’éclat de sa parole ; c’est sans doute la douceur de son éloquence qui l’avait fait surnommer le cygne[9]. Les amitiés illustres que le philosophe sut gagner et conserver, celles d’Atticus, de Lucullus, de Brutus, de Varron, attestent que Cicéron ne l’a pas jugé avec trop de faveur.

    chus ; mais lorsqu’il eut connaissance à Alexandrie des livres de Philon (Cic., Ac., II, iv, 11) en 86 ou 87 (voy. ci-dessus, p. 191), il était déjà séparé de son maître, dont nous savons (Cic., Ac., II, xxii, 69) qu’il avait suivi les leçons pendant de longues années. On ne se trompera pas de beaucoup, semble-t-il, en admettant qu’à cette époque Antiochus devait être âgé d’environ quarante ans : ce qui place sa naissance vers 124 ou 127 av. J.-C.. Chappuis, dont le livre (De Antiocha Ascalonitæ vita et doctrina, Paris, 1854) a été impudemment plagié par d’Allemand (De Antiocho Ascalonita, Marpurgi Cattorum, 1856) indique l’an 128.

  1. Numen. Ap. Euseb., Præp. Ev., XIV, ix, 3. Saint Augustin, Contra Academicos, III, xviii, 41. Cic., Ac., II, xxii, 69.
  2. Cic., Ac., II, xxii, 69.
  3. Cic., Ac., II, iv, 11 ; ii, 4 ; xix, 61.
  4. Cic., Brut., xci, 315. Ac., I, iv, 13 ; II, xxxv, 113. Leg., I, xxi, 54. Fin., V, i, 1. — Plut., Cic., 4.
  5. Plut., Luc., 28.
  6. Cic., Ac., II, xix, 61 : « …Hæc Antiochus, in Syria quum esset mecum, paulo ante quam est mortuus. »
  7. Ind. Herc., xxiv, 5.
  8. Ac., II, ii, 4 ; xxxv, 113.
  9. Stéph. de Byzance, l. c.