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ments, tels du moins qu’ils ont été conservés par Cicéron, ne résolvent pas la difficulté [1]. On y sent de l’embarras et de l’indécision : la nouvelle Académie reste victorieuse : c’est à vrai dire du sensualisme qu’elle triomphe. C’est moins sans doute la faute d’Antiochus que celle de la doctrine qui lui était commune avec les stoïciens. À n’invoquer que le témoignage des sens, à s’enfermer dans l’empirisme, Berkeley et Hume l’ont bien prouvé plus tard, il est impossible de fonder une solide théorie de la certitude.

V. Quelles furent, après Philon et Antiochus, les destinées de la nouvelle Académie ? Il semble bien que dans l’ardent débat qui s’engagea entre le maître et le disciple, ce dernier eut l’avantage. La manière dont Cicéron[2] nous dit : Philone vivo, academiœ patrocinium non defuit, n’indique-t-elle pas qu’une fois Philon disparu, l’Académie n’eut plus de défenseur ? C’est d’ailleurs ce qu’atteste expressément le même Cicéron quand il dit que l’Académie est abandonnée[3]. qu’en Grèce même elle ne trouve plus de partisans[4]

Toutefois, il faut faire ici une distinction. L’Académie n’eut plus de représentants à Athènes : c’est que Philon, qui avait quitté la Grèce au temps de la guerre de Mithridate, n’y retourna plus[5]. Elle en eut à Rome : Cicéron d’abord, puis Cotta[6] peut-être[7] P. et C. Selius et Tetrilius Rogus. Mais il ne fallait pas compter sur les Romains pour donner à des idées grecques un développement original.

La nouvelle Académie eut aussi des adeptes à Alexandrie, qui était devenue dès cette époque la capitale philosophique de la Grèce. Cicéron nous parle en effet d’Héraclite de Tyr, disciple

  1. Cic., Ac., II, XVI, 49.
  2. Ac., II, VI, 17.
  3. Ac., II, IV, 11.
  4. De N. D., I, V, 11.
  5. Cic, Tusc., V, XXXVII.
  6. De N. D., I, VII, 16
  7. Cic., Ac., II, IV, 11.