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LIVRE III. — CHAPITRE I.

Enfin, Érotien[1] place Zeuxis avant Zénon, qui vécut vers 250-220.

Pour toutes ces raisons[2], nous croyons qu’il faut, avec les historiens de la médecine, assigner à Zeuxis l’empirique une date fort antérieure : 270-240 d’après Daremberg ; par conséquent, il n’a rien de commun avec Zeuxis le sceptique.

Il y aurait moins de difficulté à identifier ce dernier avec Zeuxis de Laodicée, d’autant plus que, suivant la remarque de Zeller[3], son successeur dans l’école sceptique, Antiochus, était aussi de Laodicée. Zeller objecte que ce Zeuxis était un hérophiléen : mais c’était un hérophiléen, Philinus, qui avait fondé l’empirisme, et nous avons vu que peut-être les hérophiléens et les empiriques avaient fini par s’entendre sur beaucoup de points. Une autre difficulté, signalée encore par Zeller, c’est qu’à ce compte Zeuxis aurait eu deux successeurs : comme philosophe, dans l’école sceptique, d’après Diogène, il aurait été remplacé par Antiochus ; comme médecin, dans l’école hérophiléenne, d’après Strabon, Alexandre Philalèthe aurait pris sa place. Peut-être n’est-ce pas là encore une raison décisive. Zeller en invoque une autre, plus grave. Si Zeuxis le sceptique et son successeur médecin, Alexandre Philalèthe, ont été contemporains de Strabon, c’est-à-dire ont vécu vers 15-20 ap. J.-C., son cinquième successeur, d’après la liste de Diogène, Sextus Empi-

    ἵσως ἄμεινον ὥσπερ εἴωθα ποιεῖν ἐν τοῖς τοιοιύτοις ἀναπέμψαι τοὺς βουλομένους τὴν ἱστορίαν ταύτην γνῶναι πρὸς ἐκεῖνο τὸ βιβλίον, ἀλλ’ ἐπειδὴ τὰ τοῦ Ζεύξιδος ὑπομνήματα μηκέτι σπουδαζόμενα σπανίζει, διὰ τοῦτ’ ἠξίωσαν ἐμὲ διελθεῖν αὐτὰ τὴν ἀρχὴν ἀπὸ τοῦ Μνήμονος ποιησάμενον αὐτῆς.

  1. Glossar. in Hippocr., p. 87. Édit. Franz. Lipsiæ, 1780. Ἄμεινον δὲ οἶμαι ἀναγεγραφέναι τοὺς περὶ τὸν Ζεῦξιν, εἶτα καὶ Ζηνωνα. Cf. Gal., vol. XVIIa, p. 619, 623.
  2. L’argument invoqué par Haas (op. cit., p. 74) pour établir que Zeuxis est postérieur à Héraclide d’Érythrée, contemporain de Strabon, serait décisif, si le texte de Galien qu’il invoque (In Hipp. epid., VI, 1, vol. XVII, «, p. 798 : Ζεῦξις … ὁ Ταραντῖνος καὶ ὁ Ἐρυθραῖος Ἡρακλείδης καὶ πρὸ αὐτῶν Βαδχεῖος τε καὶ Γλαυκίας) ne se rapportait visiblement au premier Héraclide d’Érythrée, disciple de Chryserme, et beaucoup plus ancien que Strabon. (Voy. ci-dessus, p. 234.)
  3. Op. cit., vol. V, p. 4, n. 5. Haas (p. 76, n. 9) distingue aussi Zeuxis le sceptique de Zeuxis l’hérophiléen.