Aller au contenu

Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1891.pdf/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

comme ses goûts sont modestes et qu’il use peu, on se demande s’il ne finira point par posséder une fortune égale à celle des rois de la finance.

On lui reproche - qui n’a pas ses ennemis ? - de s’être, avec prudence, rangé de l’avis de tous les gouvernements et d’avoir porté l’emblème de tous les régimes. On lui dit :

Mon enfant, vous avez porté l’habit bleu de Bavière sous Maximilien , l’écharpe française sous Louis XV, la cocarde brabançonne en 1790 et le bonnet rouge en 93 : vous avez été sans-culotte ! - Comme s’il n’était pas de son essence même d’être sans-culotte ! - Vous avez été chambellan de l’empereur ; vous avez arboré la cocarde orange en 1815 et revêtu la blouse des révolutionnaires en 1830. Aujourd’hui, vous vous glorifiez d’être Belge. Vous êtes un personnage pratique, mais vous n’êtes pas un patriote.

Eh bien, c’est une erreur. Oui, Manneken-Pis est un patriote. Est-ce sa faute à lui si les contemporains de ses différents âges l’ont affublé des

costume de drap bleu. Mais pour elle la tradition s’est perdue de bonne heure, tandis qu’elle a subsisté pour notre héros.

Cette statue ornait l’entrée du local du serment des arquebusiers (devenu plus tard une auberge, démolie elle-même il y a quelques années), situé rue des Chartreux. C’est à travers le jardin des arquebusiers que l’on perça la rue Saint-Christophe (saint Christophe était le patron de ce serment) et le saint fut placé au coin des deux rues susdites.