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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1891.pdf/41

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30 LÉGENDES BRUXELLOISES

lent hydromel que faisait sa mère. Ce fut un enfant extraordinaire, pour l’époque surtout.

De temps à autre, il pêchait à la ligne : souvent dans la rivière, quelquefois dans un puits. Il portait à sa mère les petits poissons qu'il attrapait : parfois, la famille les mangeait ; parfois aussi, quand le papa et la maman de Géry en avaient assez mangé, ils les refusaient. Alors Géry s’empressait d'aller rejeter les petits poissons dans le puits. Mille ans après leur espèce existait encore ; on a observé le fait. Dans mille ans elle existera peut-être toujours ; mais qui sera là pour le constater ? Je ne sais pas quels sont ces poissons, mais je ne serais pas surpris d'apprendre un jour qu'ils s'appellent des singérys.

Géry étonnait tout le monde par sa sagesse ; au surplus, il était très brave, comme la suite de son histoire le prouvera.

Un jour, saint Magneric — il y avait beaucoup de saints dans ce temps-là, ce qui était nécessaire du reste, car sans eux qu'eût-on fait plus tard pour remplir le calendrier ? — un jour donc, saint Magneric, archevêque de Trèves, émerveillé de la sainteté de Géry (il était saint aussi, lui, malgré son jeune âge), le tonsura en récitant ce verset d’un psaume : Postula a me et dabo tibi gentes hereditatem tuam, ce qui veut dire en une langue qui donne beaucoup