Aller au contenu

Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1891.pdf/50

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Soudain, la lumière s’éteignit et un rire sarcastique troubla le silence.

C’était le diable qui, voulant troubler les pieux pèlerinages de Gudule, avait soufflé la lanterne.

La servante tomba à genoux. Les rires du démon, qui s’amusait énormément, redoublèrent.

Gudule, un instant effrayée, joignit les mains, les leva au ciel et s’écria :

— Seigneur, faites que le Malin s’ôte de ma présence.

Et tombant à genoux à son tour, elle fit une prière à Dieu, lui demandant... de rallumer sa lanterne, afin qu’elle pût continuer sa route, car, en vérité, elle n’y pouvait voir clair.

Sur ce, on entendit un grand bruit : c’était Béelzébuth qui fuyait en gémissant, car une lumineuse clarté descendait d’en haut et un ange, dans cette pâle lumière d’or, rallumait la chandelle.

Puis l’ange disparut, abandonnant derrière lui un léger parfum d’encens.

Gudule put ainsi aller faire ses oraisons et le diable, jamais, ne tenta plus d’approcher d’elle...

Gudule fut donc une sainte et bonne femme. Durant toute sa vie, elle soulagea la misère d’autrui, aimant les pauvres, les consolant dans l’affliction, les encourageant dans le malheur, les secourant dans la détresse.