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VI
PROLOGUE

parfois au récit de ces légendaires souvenirs qu’ils iront voir, quelques jours après, représenter aux poesjenellen spel ; ils frissonnent… et sont heureux.

Parmi ces conteurs, il en est qui acquièrent une véritable célébrité locale ; on les recherche et, parlent-ils, tous sont tenus de se taire. Henri Conscience, à Anvers, était de ceux-là.

Les histoires qu’ils racontent, transformées bien souvent au gré de leur imagination, finissent par manquer totalement de base ; parfois même ils les inventent et elles se développent alors en un ramassis étrange de crimes, d’enlèvements, d’aventures bizarres, faussant tout à fait l’esprit des auditeurs.

C’est, songeant à ces choses après les avoir vues, que nous avons cru pouvoir réunir quelques-unes des vieilles légendes bruxelloises que se contaient nos pères, presque toutes ignorées du peuple, ou qu’il a oubliées, et qui constitueraient, pensons-nous, pour son intelligence, un aliment plus sérieux que ces lugubres histoires de bandits ou de revenants que se disent, les soirs d’été, les jeunes Bruxellois réunis dans leurs ruelles.

Le peuple a besoin de ces récits étranges. Pourquoi ne pas tenter de lui en donner qui aient une base sérieuse et pourquoi, en tous cas, tout en lui fournissant la nourriture nécessaire à son imagina-